Quel est l'effectif idéal pour vous ? Vingt-deux
joueurs et trois gardiens de but. Je veux ensuite puiser du côté du centre de
formation. Le reste du groupe professionnel sera placé sur la liste des
transferts. Ces joueurs-là sont déjà au courant. Ils ne partiront pas à
Aix-les-Bains en stage avec nous, le 4 juillet prochain.
Vous
envisagez de faire deux groupes, comme à Marseille ? Oui. Travailler
avec 30 personnes, c'est impossible. Il y a trop de mécontents, la situation est
tendue. Je ne travaillerai qu'avec les joueurs sur qui je compte
pleinement.
Avez-vous déjà discuté avec des joueurs ? Un
joueur est venu discuter avec moi. Il est reparti ravi de travailler avec moi.
Vous savez, on dit que Vahid se prend pour Dieu. Cette image me colle bêtement à
la peau. Je serais quelqu'un de dur ? Mais l'exigence est une qualité.
Justement, à Paris, vous allez être encore davantage exposé...
Je connais Paris. Je ne fais rien pour passer aux « Guignols de l'info
». Des gens sont très contents d'y passer. Moi, non. Je ne les regardais pas
avant de venir à Paris. Je ne vais pas commencer aujourd'hui.
Quand on
vous présente comme un dictateur, ça vous blesse ? Oui. Bien sûr, il
faut une discipline. Tout à l'heure, nous avions rendez-vous à 8 h 30. Vous
étiez là. Ça c'est professionnel. Le retard, c'est l'irrespect. Si je suis là,
pourquoi vous ne seriez pas là ? Les embouteillages ? Il fallait anticiper. Dans
le football, la notion de temps est importante. Une seconde avant ou après, tu
gagnes ou tu perds. Les joueurs connaissent leurs droits, ils ont aussi des
devoirs.
Vous aviez renvoyé deux joueurs rennais parce qu'ils avaient
joué à la PlayStation avant un match. Peut-on fonctionner ainsi à Paris ?
La PlayStation durant trois heures, c'est comme quarante-cinq minutes sur un
terrain : épuisant physiquement. Une étude scientifique japonaise le prouve
d'ailleurs. A Paris non plus, personne ne se moquera de moi. On n'a pas le droit
de ternir l'image d'un club.
Et si Ronaldinho invite une amie lors
d'une mise au vert... Je ne le permettrai pas. Le respect est la base de
tout. Ronaldinho est un génie du football, le monde l'admire. Nous avons discuté
pendant une heure. Des choses positives sont passées. Je lui ai dit qu'il devait
être exemplaire. Ensuite, il aura le respect de ses partenaires, de ses
adversaires et du public. Si on n'admet pas les règles du groupe, on joue au
tennis ou au golf. Ronaldinho doit être dépositaire de la valeur du
groupe.
Sera-t-il votre capitaine ? La réflexion n'est pas
encore faite sur ce sujet.
Que pensez-vous des installations du camp
des Loges ? Je suis triste. Ça manque terriblement de place. Je dois
voir la municipalité de Saint-Germain-en-Laye pour faire avancer le dossier. Il
n'est pas évident d'avoir les vestiaires si loin des terrains. Le club est
divisé : le siège est loin du camp. Il faut arriver à créer une seule entité.
J'ai des idées.
Pour vous, la notion de vestiaire est importante.
Expliquez-nous... Le vestiaire est le coeur d'une équipe. C'est un
endroit sacré. Si un joueur entre dans le vestiaire avec plaisir, le pari est
gagné à 50 %. Il faut régler les problèmes en famille. S'il y a des espions, il
y a risque de déstabilisation.
Le PSG fait beaucoup parler en France.
Ça ne va pas être facile de tout contrôler... Si c'était facile, Vahid
ne serait pas là. Je sais, j'ai gagné des emmerdements. Trop de gens parlent au
PSG. Paris, c'est Paris... Je suis fier de relever le challenge. Je suis
conscient des difficultés et de mes responsabilités.
Pourrez-vous être
le même homme à Paris qu'à Lille ou à Rennes ? Je reste partout le même.
J'ai toujours eu du succès. Pourquoi changer ? Devrais-je apprendre à parler
pour ne rien dire ? Peut-être. Mais si je me rase en me disant que je suis un
faux cul, je le vivrai mal. La langue de bois, je ne peux pas. Je dis toujours
ce que je pense.
Quelle est l'ambition de cette année ? Elle
ne dépend pas que de moi. Bertrand Méheut, le président de Canal +, m'a demandé
de changer l'image. Le PSG ne peut se permettre une autre saison médiocre. Nous
devons bâtir une équipe pour jouer les premiers rôles. Mais est-ce que le
président va me permettre d'avoir les joueurs que je veux pour la première fois
de ma carrière ?
Peut-on faire le point sur les futures arrivées ?
Je veux quatre ou cinq joueurs. Je ne dis pas de noms sinon les prix vont
doubler. Il faut également baisser la masse salariale de 30 %. A l'heure
actuelle, il n'y a rien de fait.
Ronaldinho et Heinze seront-ils
toujours parisiens ? Mon engagement est total sur ces deux joueurs. J'ai
le soutien de mon président, Francis Graille, et de mon actionnaire. J'ai
proposé à ces deux joueurs de prolonger. Ronaldinho et son entourage souhaitent
partir. Il y a un contrat de trois ans. Je ne vois pas comment je peux changer
d'avis sur ce cas. Je vais même construire mon équipe autour d'eux. Ronaldinho
ne peut pas quitter Paris par la petite porte.
Même si Manchester
United sort un chèque fabuleux ? Même en cas d'énorme proposition, comme
Paris n'en a jamais eu, on ne rencontrera personne ! Paris a terminé 11 e avec
Ronaldinho et Heinze. S'ils partent, on va se battre pour le maintien, non ? Je
l'ai fait une fois. Plus jamais je ne recommencerai !
Ne craignez-vous
pas que l'affaire Ronaldinho pollue votre début de saison ? Il y aura
des pressions mais je suis déterminé (NDLR : il répète le mot trois fois). Plus
il y a de menaces, plus c'est pourri, plus je suis déterminé. Ces gens ne me
connaissent pas. Des promesses ont été données ? Pas par moi ! Moi, ma promesse,
c'est du travail et de la souffrance.
Vous vous alignez sur Manchester
pour Ronaldinho, sur la Juventus pour Heinze. Vous cherchez un avant-centre du
type Pauleta. Canal + a donc remis de l'argent dans les caisses... Vous
connaissez bien la maison... Et puis on peut essayer de vendre des
joueurs.
Vous cherchez aussi un milieu de terrain. L'idéal serait
Pedretti ? Ou Vieira, ou Makelele. Pourquoi pas ? Il faut avoir de
l'ambition. Paris, c'est un grand club ! Une telle métropole doit avoir de
grands joueurs. Ces dernières années, le spectacle a manqué
cruellement.
Combien de temps durera votre état de grâce ?
Nous allons connaître une saison difficile. Les gens doivent s'y
préparer. Mais nous sommes pleins d'ambition. Je ne veux voir personne à 99 %
mais à 101 %. Le football m'a tout donné. Je ne veux pas faire de démagogie.
Aujourd'hui, le maillot du PSG nourrit ma famille et moi. Je n'oublie jamais ça.
Mes joueurs ne l'oublieront pas non plus.
Recueilli par Karim Nedjari
(Le Parisien , 06 juin 2003) |